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mercredi 8 avril 2009
Il faut savoir distinguer, comme disait Épictète, ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas : « Les choses qui dépendent de nous sont naturellement libres, sans empêchement, sans entrave ; celles qui ne dépendent pas de nous sont fragiles, serves, facilement empêchées, propres à autrui » (Manuel, I ).
L’homme libre, est celui à qui tout arrive selon sa volonté – mais comment serait -ce possible s’il veut ce qui n’en dépend pas ?
Le sage cessera donc d’espérer quoi que ce soit qui ne dépende pas de lui (c’est-à-dire d’espérer ), et se contentera de vouloir ce qui en dépend (ce qui est, exactement, vouloir ). Il sera donc toujours parfaitement libre, car « est libre celui qui vit comme il veut » (Épictète, Entretiens, IV, 1 ) et parfaitement heureux, puisque tous ses désirs seront comblés.
Le sage ne connaît « ni l’espoir ni la crainte », disait Sénèque (De la constance du sage, 9 ), et c’est à quoi sans doute il se reconnaît : la vérité et la volonté lui suffisent.
Telle est, encore aujourd’hui, la leçon du stoïcisme : la vérité et la volonté sont nécessaires l’une et l’autre. Le message du stoïcisme, d’une rare grandeur spirituelle, sut éclairer toutes les couches de la société antique, depuis l’esclave Épictète jusqu’à l’empereur Marc Aurèle, et fécondera toute la pensée occidentale moderne, française en particulier, de Montaigne, de Descartes, en passant par Corneille, Pascal, Kant jusqu’à Sartre, Simone Weil ou Vladimir Jankélévitch.